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plus simple état primitif, et que l’usage de ces droits, et l’exercice réel de leur liberté étoient infiniment plus considérables. C’est encore une vérité neuve dont nous lui devons la connoissance.

Je ne m’arrêterai point à plusieurs autres Ecrits dont il a enrichi les Ephémérides du Citoyen et le Journal d’agriculture. Il me suffit d’avoir exposé les bases de son systême, qui demandoit l’affectation du génie le plus étendu, le plus vigoureux, le plus ferme, le plus sublime, et du cœur le plus droit et le plus pur. Si l’on parcourt la chaîne des siecles mêmes les plus reculés, on ne verra aucun homme qui ait plus solidement travaillé que Quesnay pour la félicité publique. Il a éprouvé, ainsi que ses Eleves, d’étranges contradictions, soutenues avec un acharnement qui montre bien peu de lumieres. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on se plaît à lancer les foudres de l’anathême contre ceux qui prêchent une nouvelle doctrine. Mais ce ne sera pas la premiere fois non plus que ses vérités les plus combattues auront triomphé des préventions et des préjugés les plus accrédités.

Le berceau des Sciences élevées a toujours été agité par l’orage. Leurs créateurs n’ont trouvé pour prix de la lumiere qu’ils ont répandue sur la terre, que des chaînes et des bourreaux. Confucius est menacé de la mort, et Socrate la subit, pour avoir enseigné tous les deux une morale que la postérité a admirée. Ramus s’éleve contre les chimeres d’Aristote, et il est égorgé. Galilée publie une vérité démontrée, et on le charge de fers [1]. Cet art merveilleux qui perpétue d’âge en âge les erreurs et les vérités, enfantées par l’esprit humain, n’attira-t-il pas des persécutions à son Inventeur dans la Capitale de la France ? Graces à la Philosophie, notre siecle n’est pas un siecle de barbarie : mais en est-il pour cela moins oposé [sic] aux progrès des vérités politiques ? S’il ne s’arme pas de poignards pour les combattre, il emploie des traits aussi perfides, aussi acérés, aussi tranchants : ce sont ceux de la calomnie et du sarcasme. L’homme vertueux n’en est point découragé, il n’y répond que par son silence : ses ennemis ont beau s’en applaudir, il les méprise, il les plaint, et continue à faire le bien, en répandant l’instruction par ses Ecrits. Combien d’exemples semblables Quesnay ne nous a-t-il pas fourni ?

C’étoit sans doute à un homme qui avoit les idées aussi nettes et aussi distinctes que lui, sur toutes sortes matieres, à employer

  1. L'imprimerie. (Note de l'original.)