Page:Omont - Athènes au XVIIe siècle, 1901.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
H. OMONT

M. de La Haye-Vantelet avait emmené comme aumônier un religieux capucin du couvent de la rue Saint-Jacques, à Paris, le P. Robert de Dreux[1], qui accompagna l’ambassadeur à Larissa ; d’un esprit curieux, le P. Robert de Dreux mit à profit une occasion qui s’était inopinément présentée de faire le voyage d’Athènes et d’en visiter les antiquités. « Il y avoit pour lors à Larissa, dit-il dans la Relation de son voyage, un seigneur Paléologue[2], de l’ancienne famille des derniers empereurs de Grèce, lequel étant venu voir Son Excellence pour une affaire qu’il avoit avec quelques François, et se trouvant à la veille de son départ pour retourner à Athènes, où il faisoit sa demeure ordinaire, M. l’Ambassadeur le pria de se charger des lettres qu’il écrivoit à nos capitaines[3], ce qu’il fit volontiers. Mais, comme j’avois un grand désir de voir les antiquitez d’Athènes, je crus que l’occasion étoit trop favorable pour la négliger. C’est pourquoi je priai M. l’Ambassadeur de me permettre d’accompagner ce seigneur Paléologue. Il eut bien de la peine à y consentir ; mais, lui aiant représenté que je pouvois lui être utile en ce voiage, parce que je ferois toute la diligence possible pour trouver moien de faire tenir ses lettres à nos capitaines, il me donna enfin son consentement, et je priai aussitost ledit sieur Paléologue de me souffrir en sa compagnie et de me faire avoir un cheval, dont Son Excellence faisoit la dépense ; il me l’accorda de bonne grâce et me dit de me tenir prest à partir pour le lendemain. » Nos deux voyageurs partirent en effet de Larissa le 2 juin 1669, et, après avoir passé à Pharsale, aux Thermopyles, à Thèbes, arrivèrent enfin à Athènes, où nous laisserons la parole au P. Robert de Dreux[4].

  1. Le P. Robert de Dreux avait fait profession au couvent des Capucins de Saint-Jacques à Paris, le 16 janvier 1655 (Bibl. nat., ms. français 23043, p. 158).
  2. Voir du Cange, Historia byzantina (Paris, 1680, in-fol.), p. 230-248.
  3. Il s’agit des capitaines des vaisseaux du roi, qui étaient au Mile et à qui de La Haye Vantelet envoyait l’ordre de se rendre à Napoli de Romanie pour y embarquer Suleiman-aga, que le Grand Seigneur avait désigné comme ambassadeur auprès de Louis XIV.
  4. Bibliothèque nationale, ms. nouv. acq. franc. 4962 ; copie du xviiie siècle.