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H. OMONT

« Vous me permettrez de dire que j’ay esté 2 ans à Négrepon, d’où j’ay esté cinq fois à Athènes, où en tout je n’ay pas demeuré 5 semaines entières, bien loing d’y demeurer 2 ans. Les Jésuites n’ont jamais esté persécutez à Athènes ; la vraye raison qui les en fit sortir, c’est qu’ils n’avoient pas de quoy vivre après la disgrâce arrivée à M. Fouquet, car après cela M. l’archevesque de Narbonne, son frère, ne leur envoya plus les 50 escus qu’il envoyoit chaque année à cette mission, qui subsistoit par son moyen. Ainsi on se contenta de conserver Négrepon, où ces Pères estoient desjà, qu’ils préférèrent à Athènes à cause du fruict spirituel qu’ils font parmy les esclaves des galères, car il n’y a point de galères à Athènes, où les RR. PP. Capucins allèrent après le départ des Jésuites, qui eurent encore une autre raison, c’est qu’ayant peu d’ouvriers et missionnaires, à cause des grandes occupations qu’ont ces Pères en France, ils ne pouvoient pas fournir du moins 2 Pères en chaque mission. Ainsi ils ne voulurent point multiplier leurs résidences, mais prirent le poste où ils jugèrent pouvoir procurer plus de gloire à Dieu, espérant d’aller de temps en temps faire des missions volantes à Athènes et servir le peu de Francs qui y seroient. Un des Jésuites de Négrepon fut appelé à Athènes diverses fois par MM. les consuls Chastanier et Giraud, en l’absence des RR. PP. Capucins. Le R. P. Simon de Compiègne, qui y estoit seul, ayant pris l’épouvante sur une fausse nouvelle qui courut, quand l’armée du Roy alla en Candie, que les Jésuites de Négrepon avoient estez mis en séquestre par les Turcs, ce Père mit promptement les paremens de l’église chez M. Giraud, et s’embarqua viste sur un vaisseau françois, qui estoit pour lors au Port Lion, d’où il alla a Milo, où passa sa terreur panique. Ce Père avoit tant d’affaires dans Athènes, à Napoli de Romanie, à Patras et ailleurs, où il falloit aller souvent, que ces divers voyages luy empeschoient de faire l’école, qu’il fit quelque peu de temps au commencement, et eut soing des enfans de M. Giraud et du drogmant Jean-Baptiste, et peut estre quelque autre, qui allèrent ensuite aux écoles des