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ATHÈNES AU XVIIe SIÈCLE

que les Romains, quand ils se rendirent maîtres d’Athènes, en aient emporté tout ce qu’il y avoit de plus beau, ils ne purent enlever les admirables sculptures qui sont tout autour de ce temple parce qu’elles sont tellement enclavées dans l’entablement, qu’on ne peut les en ôter sans les briser et les mettre toutes en pièces.

« Ce temple, que les Chrétiens avoient consacré au Dieu connu, est tout de marbre. Il est grand et spacieux, mais les Turcs, qui en ont fait leur principale mosquée, en ont ôté toutes les marques du Christianisme, de sorte qu’il est tout nud au dedans ; on y voit seulement, à l’endroit où étoit l’autel, une élévation de plusieurs marches, qui marquent la séparation du chœur et de la nef. L’on m’y fit remarquer dans le mur, qui étoit derrière l’autel, une pierre de deux ou trois pieds en quarré, laquelle donne une lueur comme d’un petit charbon de feu dans les petits trous que l’on y fait avec la pointe d’un couteau et on m’assura que, dans l’obscurité de la nuit, tous ces petits trous, que font les curieux qui la viennent voir, paroissent comme de petites étoilles. Au dehors de ce temple il y a une galerie qui règne tout autour et est soutenue par de grandes colonnes de marbre bien cannellées, enfin tout ce qu’on y voit de sculpture est si beau et si bien travaillé que nous en étions tous charmés, et j’en restai tellement satisfait que je ne cherchai plus à voir les autres antiquités, quoique cette ville en soit tellement remplie qu’il y a peu de maisons qui n’en aient quelqu’une ou du moins quelques fragmens. »



II

LETTRES DE JACOB SPON ET DU P. BABIN


Jacob Spon avait publié à Lyon, en 1678, le récit du Voyage d’Italie, de Dalmatie, de Grèce et du Levant[1], qu’il avait fait quelques années auparavant, en 1675 et 1676, de com-

  1. 3 volumes in-12.