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ATHÈNES AU XVIIe SIÈCLE

trouvent dans le païs, sçachant qu’il est leur apôtre, aiant quitté Athènes dont il étoit évêque pour aller prêcher la foi dans les Gaules, à la sollicitation de S. Policarpe. Je demandai à M. le consul s’il étoit vrai qu’on l’invitoit tous les ans d’aller entendre cette messe ? Il me dit qu’on n’y manquait pas et que tout ce qu’il y avoit de François ne manquaient pas d’y assister.

« Le prêtre me montra ensuite un puits, où il me dit que S. Denis avoit caché S. Paul durant quelques jours et m’invita d’entrer dans ce logis pour voir l’archevêque, qui y faisoit sa demeure ; mais je m’excusai sur ce que, ne sachant pas assez bien le grec pour l’entretenir, je pourrois le lendemain venir avec mon compagnon, qui en sçavoit plus que moi, pour lui rendre nos respects.

« En sortant de cette maison, je passai proche d’une avant-porte du chasteau, où je n’avois garde d’entrer, me souvenant de l’avis qu’on m’avoit donné qu’il y avoit du péril ; c’est pourquoi je passai promptement aux ruines de l’Aréopage, ce plus fameux collège de l’univers, qui a été le séminaire des plus belles sciences, où il ne reste plus que quelques murailles, avec double rang de fenestres comme à une église. Mais je ne restai pas là longtems, car quelques Turcs m’aiant aperçu du château, qui en est proche, m’appellèrent comme si ils vouloient me montrer quelque chose, et voiant que je leur faisois la sourde oreille, ils me jetèrent des pierres, que j’évitai en continuant mon chemin vers un temple que l’on m’a dit avoir été bati au dieu Pan et qui est maintenant dédié à la sainte Vierge. Au-dessus de ce temple, approchant du château, il y a deux grandes colonnes de jaspe et je remarquai à costé un grand quadran solaire à plusieurs faces.

« De l’autre costé, vis à vis de l’Aréopage, je remarquai des pilastres d’un fort beau marbre blanc, avec quelques autres fragmens sur un rocher, ce qui m’obligea de m’y transporter, et je reconnus que c’étoit le trophée de Thésée, que je vis représenté sur un char de triomphe, traîné par ceux dont il étoit le vainqueur ; mais cela est maintenant à moitié ruiné.