Page:Omont - Athènes au XVIIe siècle, 1901.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
H. OMONT

Port Lion. Il étoit autrefois environné de quantité de belles maisons ; mais il n’en reste plus que les ruines, aussi bien que de la muraille, qui alloit du port à la ville.

« Ce que je désirois le plus de voir c’étoit le temple qui donna occasion à S. Paul de reprocher aux Athéniens leur aveuglement, parce qu’ils l’avoient consacré au Dieu inconnu, vû que Dieu s’étoit manifesté d’une manière si sensible ; mais, parce qu’il est renfermé dans le château, qui n’est habité que par les Turcs, et qu’on m’avoit averti qu’il étoit dangereux d’en approcher, je perdois quasi l’espérance de satisfaire là-dessus ma curiosité. Je voulus du moins tenter si je ne pourrois pas voir la maison où demeuroit autrefois S. Denis, que le sieur Paléologue m’avoit dit être proche de l’Aréopage, dont il me montra quelques anciennes murailles, en arrivant à Athènes ; c’est pourquoi, bien qu’elles soient proches du chasteau, sur une éminence qui commande à la ville, je ne laissai pas d’y aller et, arrivant à une grande maison dont la porte étoit ouverte, je vis dans la cour un autel, aux environs duquel il y avoit des pilastres et autres ornemens de marbre. Je pris la confiance d’y entrer et je remarquai que c’étoient les ruines d’une ancienne chapelle, mais, n’osant pas rester là longtemps, j’en sortis promptement et j’allois vers l’Aréopage, lorsque j’entendis une voix qui me disoit en grec : « Arrête, arrête. » Je tournai la tête pour voir d’où venoit cette voix et je vis un prestre grec, qui me fit signe de l’attendre, ce que je fis volontiers, et m’aiant joint, il me demanda qui j’étois. Je lui dis que j’étois un François, qui, retournant en France, cherchoit à voir la maison de S. Denis, qui en a été le premier apôtre. Vous en sortez, me dit-il, et, m’y faisant rentrer, il me montra l’autel que j’avois déjà vû, et lui disant que j’étois surpris comment ils laissoient celle chapelle ainsi ruinée, il me dit que les Turcs ne vouloient pas permettre de la réparer, mais que tous les ans ils ne laissoient pas de l’ajuster le mieux qu’ils pouvoient le jour de la fête de S. Denis et qu’on y célébroit la sainte messe, à laquelle ils convioient tous les François qui se