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H. OMONT

quoiqu’il n’i en ait plus du tout, non pas même un petit ruisseau.

« Retournant dans la ville, on nous y fit remarquer les ruines de plusieurs beaux palais, comme celui de Polemarco et de Témistocle, dont ils restent plusieurs belles colonnes de marbre ; de là on nous conduisit au monument de Socrate. C’est un gros pavillon de marbre, qui a 8 faces, sur lesquelles les vents sont représentéz en bas-reliefs, pour marquer la légèreté de ceux qui avoient condamné à mort ce grand philosophe, qui a le premier mis en vogue la philosophie morale et parlé de Dieu d’une manière si haute et si sublime, que, ne convenant point aux fausses divinitéz, qu’on adoroit parmi les païens, quelques jaloux l’accusèrent de mépriser les dieux, ce qui le fit condamner à boire du poison, dont étant mort, les Athéniens reconnurent leur injustice et, pour la réparer en quelque manière, ils firent élever ce monument à la gloire de ce grand homme, qui a été le maître de Platon et des plus illustres philosophes. On lui avoit aussi élevé une statue de bronze, mais elle n’y est plus.

« Notre compagnon me fit voir encore plusieurs autres antiquités, dont cette ville est si remplie qu’il y a peu de rues où l’on n’en voie quelqu’unes. Mais cela ne satisfaisoit pas ma curiosité, sçachant qu’il y avoit bien d’autres choses dignes d’être veues et observées. C’est pourquoi voiant que notre compagnon ne les avoit pas encore veues, depuis 3 ans qu’il étoit dans le païs, parce qu’il n’osoit s’y hasarder, je résolus d’y aller seul, sans lui en parler, espérant que le bonheur, qui m’avoit accompagné partout, ne m’abandonneroit pas dans ce besoin, et pour mieux réussir dans mon dessein, je m’informai d’un françois, qui demeuroit depuis longtems au païs, où étoient les plus belles antiquitéz, dont il me donna un mémoire, qui me servit beaucoup avec ma petite boussole, qui me servoit de guide.

« Je pris donc occasion de me dérober de notre compagnon, après avoir disnée chez M. le consul, et j’enfilai d’abord une rue