Page:Omont - Athènes au XVIIe siècle, 1901.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
ATHÈNES AU XVIIe SIÈCLE

un fort beau cabinet, tout de marbre, qui est bâti en forme de tourelle, qui est couverte d’une seule pierre de marbre, si grande et si épaisse qu’elle est creusée au dedans comme une calotte et élevée au dehors comme un petit dosme, dont la superficie est taillée en forme de coquille, et l’entablement sur lequel elle est posée est enrichi d’une infinité de bas-reliefs, qui représentent plusieurs figures d’hommes et de bestes avec une délicatesse admirable. Et il me dit que, quand on lui avoit vendu cette maison, ç’avoit été à condition que tous ceux qui viennent voir les antiquités d’Athènes, auroient la liberté de venir voir le pavillon de Démosthène, qui en est une des plus belles et des plus entières.

« Il me conduisit ensuite aux ruines du superbe palais de Thésée, ce brave capitaine qui partagea avec Jason la gloire d’avoir enlevé la toison d’or. Il reste encore 10 ou 12  colonnes de ce palais, qui sont si hautes et si grosses qu’elles ont 4 brasses de tour ; elles sont toutes d’un beau marbre blanc et toutes canelées. J’appris qu’il y en avoit 366, sur lesquelles étoit bâti tout le palais, dont il reste encore quelques pans de murailles sur 2 ou 3 de ces colonnes, sur lesquelles on avoit faites une infinitéz de cintres, qui rendoient cet édifice plus ferme et plus solide. Il y reste encore un grand portail, tout de marbre, élevé comme un arc triomphal, enrichi de colonnes, de pilastres et de figures, dont il reste encore de beaux fragmens ; il y a apparence que c’étoit l’entrée de ce magnifique palais qui se joignoit au chasteau.

« Nous allâmes de là au temple de Junon, dont les Chrétiens avoient fait une église dédiée à la sainte Vierge ; mais la prophanation qu’en ont fait les Turcs l’a fait abandonner. Il me mena ensuite voir les ruines d’un ancien couvent des religieux de saint François, dont on voit encore quelques figures sur une muraille de l’église, qui est ruinée. Je vis en ce même lieu les restes d’un pont de pierre, qui paroit avoir été bien bâti, et il reste encore aux pilliers de gros anneaux de fer, qui marquent qu’il y passoit autrefois une rivière portant bateau,