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H. OMONT

l’autre de Raguse, et que les capitaines de ces deux vaisseaux lui avoient dit qu’ils avoient laissé les 4 vaisseaux du Roi au Mile. Je lui fis connoitre en même temps combien il étoit important de faire porter les lettres de M. l’Ambassadeur à M. Dalméras, qui commandoit les vaisseaux du Roi, et qu’il falloit engager le capitaine du vaisseau de France d’y aller ou d’y envoier incessamment ; mais M. le consul me dit qu’il falloit que ce fût moi-même qui engageât ce capitaine à faire ce message, à quoi il auroit de grandes répugnances et que, pour cet effet, il me conduiroit le lendemain au port, qui est fort éloigné de la ville. De sorte que, dès le lendemain matin, nous montâmes à cheval pour aller au port et je parlai si efficacement au capitaine françois, qu’il se mit aussitost à la voile avec les lettres que je lui donnai pour M. Dalméras ; mais, arrivant au Mile, il n’i trouva plus les 4 vaisseaux du Roy. C’est pourquoi, aiant appris d’un corsaire de Malte qu’ils étoient allés au Cerigue, il les pria de leur porter les lettres dont il s’étoit chargé et de dire à M. Dalméras que l’ambassadeur du Grand Seigneur se rendroit incessamment à Napoli de Romanie pour s’embarquer sur les vaisseaux, qui devoient le porter en France, ainsi que je l’en avois instruit.

« Je m’occupai cependant à voir tout ce qu’il y a de plus curieux à Athènes, où il reste tant de belles antiquités, qu’il est facile de juger que ceux qui en ont écrit tant de merveilles ont dit la vérité. Notre ancien compagnon, qui y demeuroit depuis trois ans, s’offrit volontiers de me conduire à tout ce qu’il y avoit vû de plus beau et de plus remarquable, mais il m’avertit qu’il ne faloit pas espérer de voir ce qui est dans le chasteau et aux environs, parce que, n’étant habité que par des Turcs, qui ne sont pas si humains que ceux de Constantinople, ils assommoient à coups de pierres tous les Chrétiens qui s’en approchoient.

« Il me fit d’abord remarquer que la maison de notre hospice, où il étoit logé, est le lieu où Démosthène, ce grand orateur de Grèce, avoit fait sa demeure, et il y reste encore dans son entier