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153

Verse le vin couleur de tulipe nouvelle
Et tire le sang pur de la jarre fidèle ;
Hors la tasse aujourd’hui je n’ai plus un ami
Qui possède un cœur pur et dont l’âme soit belle.

154

À mon cœur attentif le ciel dit en secret :
« Apprends de moi les mots, l’ordre de mon décret :
« Si j’avais pu jamais réagir sur moi-même,
« Le vin m’eût épargné, vertige, ton regret ! »

155

Tant que j’aurai du pain de quoi remplir ma main,
Quelque morceau de viande, une gourde de vin,
Et qu’à deux nous pourrons vivre en la solitude,
Nul sultan ne m’aura convive à son festin.