Page:Omar Kháyyâm - Rubaiyât, 1910, trad. Marthold.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.


141

Ainsi tu brisas ma cruche de vin, mon Dieu !
Fermant pour moi la porte au seul plaisir, mon Dieu !
(Oh ! oh ! puisse ma bouche se remplir de terre !)
C’est moi qui bois, c’est toi qui es ivre, mon Dieu !

142

Le ciel accorde au pauvre un peu de menu cuivre,
Le strict indispensable au supplice de vivre ;
Si le ciel était homme, il ne donnerait pas
Un pois pour ce bonheur où jamais on n’est ivre.

143

Cœur, tu ne comprendras jamais les grands adages
Ni les subtilités de ceux que l’on dit sages.
Dès lors fais-toi du vin et de la tasse un ciel,
Car entre le vrai Ciel et toi, que de nuages !