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Figaro, à part, & s’étant approché d’eux pour les écouter.

Le fripon ! Je ne me ſuis pas trompé. Un vieux renard, comme moi, voit les choſes de loin. On ne ſe doute pas de notre retour ; j’ai pris le devant, & j’ai laiſſé tout mon monde pas bien loin d’ici. Pour éviter des préparatifs, le Duc vouloit ſurprendre le Comte Almaviva ; mais ſon Excellence ſera bien plus ſurpriſe de leur préſence. (regardant Baſile qui fait de grands geſtes, en parlant tout bas à Brid’oiſon.) Comme il ſe démène ! Il tâche de convertir le Juge, & ce benêt approuvera tout. (Il s’approche de plus près.)

Brid’oison, à Baſile.

C’eſt juſte &, comme on dit, à tout Seigneur tout honneur. Si la mariée ne ſe conformoit pas aux Loix, le mariage ne ſeroit point conſommé, & on pourroit le faire caſſer.

Baſile.

Je ſuis perſuadé que Monſeigneur a de bonnes intentions, & que les avis qu’il donnera à la mariée la feront proſpérer dans ſon ménage. C’eſt à vous, Monſieur le Juge, à lui montrer ſon devoir.

Brid’oison.

Oui, cela me regarde.

Figaro, à part.

Le ſcélérat ! S’il s’éloignoit un peu d’ici, à la faveur de mon coſtume, je pourrois lui rincer les épaules.