Page:Olympe de Gouges - Le Mariage inattendu de Chérubin.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ſalade : mais pour un faiſeur de Comédies, c’eſt un grand malheur.

Le Comte.

Un Auteur qui ne ſait ni lire, ni écrire ! Où avez-vous trouvé cela ?

Figaro.

Il faut vous dire d’abord que cet Auteur eſt une femme. Elle m’a fait l’honneur de me jouer deux ou trois fois. On ne peut pas dire que ce qu’elle fait ſoit abſolument mauvais, l’on doit lui ſavoir gré de ſes foibles productions, puiſque c’eſt avec un eſprit naturel qu’elle compoſe.

Brid’oison.

Comment peut-elle faire, n’ayant pas les moyens de dépoſer ſes idées ſur le papier ?

Figaro.

Elle vous apprendroit encore beaucoup de choſes que vous ignorez, Monſieur le Juge. Elle fait comme les grands Seigneurs, elle ſe ſert de Secrétaires.

Le Comte.

N’a-t-elle pas auſſi un Teinturier ?

Figaro.

Non & c’eſt en quoi elle diffère des grands Seigneurs. Elle demande ſouvent des avis, & finit toujours par s’en tenir à ſes idées. C’eſt ce dont on peut ſe convaincre en liſant ſes ouvrages.

Le Comte.

Laiſſons-là cette converſation, Monſieur Figaro, quoiqu’elle vous intéreſſe infiniment. Les Auteurs