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ACTE II.


Le Théâtre repréſente le même Sallon. La Scène

eſt dans l’obſcurité de la nuit, & s’éclaire par

degrés.






Scène PREMIÈRE.


Fanchette, ſeule, échevelée, & ſon habit en déſordre.

Tout le monde repoſe dans ce Château. Que le ſommeil eſt loin de ma paupière. Tout paroît calme ici, mon cœur ſeul eſt troublé par une terreur inexprimable. Ah ! Chérubin, Chérubin ! Son image me pourſuit par-tout. Hélas ! je ne ſuis point née pour lui. Le ſort me deſtine à être la compagne d’un Paysan, & non pas d’un homme de qualité. Ce n’eſt plus ce Page, cet étourdi ; c’eſt un homme raiſonnable, décent ; il n’en eſt que plus dangereux pour une ame ſenſible. Aurai-je la force de l’oublier ? Je le dois, il faut me réſigner à ma triſte deſtinée, & remplir le devoir qu’elle me preſcrit.