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tens, Monſeigneur, & je vais arranger tout cela avec des accompagnemens ſur ma guittarre.

Le Comte.

Allez, & ne vous trompez pas dans les variations. Voilà pour l’accord parfait. (Il lui donne de l’argent.)

Basile.

Je n’oublierai rien, & ne me tromperai pas même d’une triple croche. J’imiterai la voix du roſſignol[1] ; mais je ne me laiſſerai pas prendre par la patte, crainte de tomber. Repoſez-vous ſur moi, Monſeigneur ; vous ſçavez comme je mène ces ſortes d’affaires. Je ſuis comme Céſar, qui croyoit n’avoir rien fait, lorſqu’il lui reſtoit encore quelque choſe à faire. (Il sort.)





Scène XIII.


Le Comte, ſeul.

Voilà bien ce pédant toujours avec ſes citations ! — Ce ſeroit admirable de me venger de Figaro & du Page, en faiſant de Fanchette ma Maitreſſe. Elle me plait encore plus que Suſanne ; elle n’a pas l’eſprit naturel & l’enjouement de ſa couſine ; mais auſſi qu’elle eſt intéreſſante dans ſa candeur naïve ! Comment ! elle a un air de dignité qui m’en impoſe, quand je veux badiner avec elle. « Je ne ſuis plus un enfant », me dit-elle, en me

  1. La Pièce de Chérubin, donnée aux Italiens, eſt tombée au moment que Chérubin imitoit la voix du Roſſignol.