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je craignons encore plus ce gringalet de Page, quoiqu’il ſoit devenu fort raiſonnable, à ce qu’on dit, depuis que c’eſt un grand perſonnage ; je ne m’y fions guères, je l’avons ſurpris pluſieurs fois avec Fanchette, ils avoient tous les deux un pied de rouge ſur le nez : je n’avons pas la berlue. Eſt-ce que Monſieur le Marquis eſt fait pour fréquenter ma fille, & chercher à lui parler par-tout ?

La Comtesse.

Ce qu’il en fait n’eſt que par politeſſe.

Antonio.

Je ſavons ben que parmi les grands Seigneurs, on fait donner de biaux noms à ce qui n’eſt guères biau de ſoi-même.

La Comtesse.

Enfin tout ce que vous me dites là n’eſt pas une raiſon pour ne pouvoir retarder ce mariage de quelques jours.

Antonio.

Je vous diſons ce que je ſavons, & je ne ſavons pas tout : tant y a que je ſommes forcés de veiller notre fille comme le lait ſur le feu. Ça n’eſt pas un petit embarras, & puis les frais ſont faits, les habits de nôce ſont achetés ; il faut que le contrat ſe ſigne demain. Vous voyez, Madame la Comteſſe, qu’on ne peut pas retarder, ni déprier tous les aſſiſtants.

Basile, dans la couliſſe.

Je vais faire part à Madame la Comteſſe de ce qui ſe paſſe.