elle ne manquoit pas d’eſprit & d’un certain jugement.
Je n’ai jamais connu ma parente, j’étois trop jeune dans ce tems-là ; mais j’ai appris tous ſes malheurs. Quel plaiſir je vais goûter en la voyant ! (à Fanchette.) Qu’as tu Fanchette ?
J’éprouve intérieurement des mouvemens inconnus. L’arrivée de ces perſonnes, un penchant qu’il me faut étouffer ; tout cela me bouleverſe le cœur & l’eſprit. (Haut) Je n’en puis plus.
Fanchette, vous pâliſſez ? (Suſanne) Elle ſe trouve mal, Suſanne : approche ce fauteuil.
C’eſt ce maudit homme que ſon père la force d’épouſer.
Conſole-toi, ma chère Fanchette ; je parlerai à Antonio, &, s’il n’écoute pas mes raiſons, nous trouverons des moyens pour rompre ce mariage.
Il eſt trop avancé ; tout eſt préparé pour demain.
Nous gagnerons du tems. N’avons-nous pas le prétexte de l’arrivée de Monſieur le Duc & de ſon Épouſe ?
Mon père n’écoutera rien.