Page:Olympe de Gouges - Le Mariage inattendu de Chérubin.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un homme comme vous, & je connois mes droits. Il y a un million de fois plus de mérite à être parvenu moi ſeul, ſans l’aide de perſonne, à la place que j’occupe. Votre Excellence n’en peut pas dire autant.

Chérubin.

Il eſt vrai qu’il a eſſuyé bien des évènemens & des tracaſſeries dans ſa vie.

Le Comte.

Et tout a tourné à ſon avantage. Le voilà bien malade. Pauvre petit, je lui conſeille de ſe plaindre. C’eſt bien le mortel le plus heureux : ſon étoile vaut deux mille ans de nobleſſe.

Figaro.

Je conviens que je ſuis né coëffé ; que tout autre, qui auroit éprouvé mes cataſtrophes, ſe ſeroit cru perdu. Je me ſuis vu à la fois loué, blâmé, & traité comme un petit garçon. J’avois autant de probité qu’il en falloit pour faire un honnête homme, quoiqu’elle ſoit regardée dans ce ſiècle comme un papier monnoie, qui ne paſſe qu’à la faveur du crédit. J’ai fait une étude particulière des hommes ; je fais comme il faut s’y prendre pour les mener. Si je vous racontois…

Le Comte.

Grace, grace, Monſieur Figaro ; vous allez nous faire un diſcours éternel.

Figaro.

Voilà les Grands Seigneurs ! Les rapproche-t-on du but & de la vérité, on ne trouve plus perſonne.