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Mais le compromis est bientôt fait, et pour mettre d’accord le spirituel avec le temporel, Tartufe apparaît et dit : « Si je dépeins la volupté avec tant d’entrain et de feu, ce n’est que pour en éloigner les âmes chastes. »

Comme les femmes sont curieuses, je me demandais bien des fois quel pouvait être l’idéal de M. Barbey-d’Au­révilly, car tout auteur a un idéal. J’ai lu tous ses ou­vrages qui sont bien difficiles à trouver (ce qui prouve qu’ils ont été goûtés et appréciés) ; dans la plupart, la femme n’apparaît que comme un accessoire inutile, mais dans la Dernière Maîtresse, l’idéal semble enfin se ré­véler ; Vellini, l’héroïne, est le personnage important ; c’est un type créé par l’auteur, on copie si l’on veut, mais peu importe, c’est un type qui lui appartient.

Analyser ce livre en public est presque impossible ; on m’accuserait d’aborder des sujets inabordables ; je me contenterai de vous lire le portrait que fait l’auteur de son héroïne :

« Elle a des mouvements qui ressemblent aux in­flexions des membres de mollusques, son œil noir est plus épais que le bitume, ses sourcils presque baissés dansent sur ses yeux une danse formidable. »

Après quoi il la compare à la mauricaude des Riviers, et il l’appelle vieille aigle plumée par la vie, louve amaigrie.

Comme virginité, il pose sur son front une épaisse cou­che de vapeur qui rappelle les miasmes d’un lac remué par une foudre éteinte.