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Puis les veuves, les femmes séparées, abandonnées par leurs maris ; qui se trouvent sans fortune, et qui ont des enfants à élever.

À toutes celles-là, la carrière littéraire doit-elle être interdite quand elle peut leur offrir un moyen honorable d’existence ?

Dans les ménages pauvres, quand il n’y a qu’un ou deux enfants au logis, l’heure de les envoyer au collège arrivée, la femme se trouve seule, isolée.

Dans les classes riches, aisées, dans ce qu’on appelle le grand monde, l’isolement est-il moins fréquent ?

Les affaires, les cercles, les cafés, sans parler d’autre chose, prennent les deux tiers de la vie d’un homme.

Que font les femmes en attendant ?

La surveillance de leur maison ne peut pas les occuper tout le jour, les heures deviennent longues, le désœuvrement se fait sentir.

Les unes se font mondaines, les autres, faute de mieux, se jettent dans une dévotion exagérée ; auraient-elles même des enfants, qu’elles n’en auraient pas moins de longues heures de solitude ; le soir, l’enfant dort, le mari est au cercle, ou ailleurs, l’ennui, cet ennemi mortel de l’honneur conjugal, s’introduit dans la maison… Si le spleen porte jusqu’à la folie du suicide, ne peut-il pas aussi entraîner quelques faibles femmes à l’oubli de leur devoir !

Les maris jaloux redoutent les bals ; les plaisirs mondains