Page:Olympe Audouard Conference M Barbey-d'Aurévilly 1870.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 26 —

génie féminin viendra compléter leur action et non rivaliser avec elle.

Aujourd’hui, en littérature, la femme reste inférieure à l’homme, car il lui manque l’instruction première. L’étude du grec, du latin est indispensable à tout homme qui écrit, et la femme, sauf de rares exceptions, n’en sait pas le premier mot.

Elle ne connaît qu’imparfaitement les auteurs classiques, et le livre de la science lui est complètement fermé. Elle n’a que ce que donne la nature : l’esprit, la pensée, l’inspiration, le mouvement. — Il lui manque ce qui s’acquiert par l’étude.

La littérature féminine est encore à l’état d’embryon : quelques romans, des mémoires et des voyages, on n’ose pas sortir de là : c’est le bégayement du génie féminin, on ne peut juger encore quelle sera sa valeur.

Si l’égalité devant l’instruction était proclamée de droit commun, il suffirait d’une ou de deux générations pour se faire une idée juste de l’intellect féminin.

Ce qu’il sera, je n’en sais rien, mais en tout cas, ce sera une valeur de plus qui apportera son contingent au développement des connaissances humaines.

Certaines personnes disent qu’il serait dangereux d’élever le niveau intellectuel de la femme. Je me demande pourquoi ; et ce qui m’étonne, c’est que les mêmes hommes qui veulent moraliser les masses en les instruisant, changent de langage dès qu’on leur demande d’appliquer le même principe à notre sexe. Comment l’instruction