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Tout homme appartenant à la classe aisée peut apprendre ce qu’il veut.

Toutes les branches des connaissances humaines sont mises à sa portée.

S’il reste un ignorant, s’il n’arrive qu’à la médiocrité, c’est que vraiment il n’avait aucun genre de génie en lui.

Mais pour la femme, il n’en est certes pas ainsi ; tout conspire contre elle : la maintenir dans l’ignorance est le système d’éducation le plus répandu.

Que fait-on pour son instruction ? rien ; on ne songe qu’à étouffer en elle non-seulement ses facultés intellectuelles, mais encore son jugement. Raisonner, réfléchir, lui est interdit, il faut qu’elle adopte les idées toutes faites, fausses ou vraies. On ne lui demande pas de les comprendre, on lui demande de les retenir par cœur, et de n’en jamais changer.

Dans une éducation semblable, où est l’aliment de l’intelligence ?

La mémoire suffit : aussi je ne saurais mieux comparer ce système qu’à celui que pratiquent les éleveurs de perroquets.

À force de répéter les mêmes mots et les mêmes phrases, on endort si bien les idées, qu’elles ne se réveillent plus jamais.

Dites-moi franchement, messieurs, ne croyez-vous pas que si nos savants, nos hommes de génie, nos grands littérateurs, avaient été élevés de la sorte, ils seraient