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Nous donner des airs d’homme ! nous y perdrions trop pour y songer. Vouloir vous ressembler ? oh non, par exemple !

Copier ce style, correct si l’on veut, mais manquant à coup sûr de tact, de mesure et de bon goût, quelle est la femme qui y songe ? pas une seule, croyez-le bien. Certes, j’en conviens, une femme hommasse, c’est aussi laid qu’un homme efféminé. Chacun doit rester dans le rôle que la nature lui a assigné.

Mais, quant à prétendre que les femmes qui prennent la plume sortent de leur sexe et n’aspirent qu’à s’élever à la hauteur des hommes, vous êtes dans l’erreur. Nous ne songeons ni à changer de sexe ni à égaler les hommes en hauteur ; nous nous contentons de les dépasser en modestie.

À qui la faute, si les hommes ont la prétention de se réserver exclusivement toutes les choses de l’esprit ?

La littérature, ne vous en déplaise, n’est pas plus un art masculin qu’elle n’est un art féminin ; c’est un champ ouvert à toutes les intelligences, et les places y sont occupées par les plus méritants.

L’intelligence féminine est égale, mais non pareille, à l’intelligence masculine, et elles ont chacune leurs qualités propres : pourquoi ne se compléteraient-elles pas l’une par l’autre !

Il existe un génie masculin.

Il existe un génie féminin.