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J’irai plus loin, et je dirai que toute femme qui verra jouer ce drame, si elle est à la veille de faillir, y pensera à deux fois, et peut-être même se décidera-t-elle à rester dans le droit chemin. Tenons-nous-en donc à ce qu’a dit La Bruyère : « Lorsqu’un écrit vous inspire des sentiments nobles et élevés ne prenez pas d’autres règles pour juger l’ouvrage, il est bon et fait de main d’ouvrier. »

Eh bien ce drame est bon, car il inspire des pensées salutaires, et si l’on n’en rapportait que cette simple réflexion que « le bonheur criminel se paye souvent par de longues années de honte et de remords », on devrait lui en être reconnaissant.

Quand on a fait la Vieille Maîtresse on devrait être plus indulgent.

Mais si Mme Sand est jugée avec une partialité qui touche de près à l’injure, il est un bas-bleu qui trouve grâce devant M. Barbey-d’Aurévilly, c’est Mme de Staël. — Lorsqu’il parle de cette femme célèbre, il reste homme du monde, son style s’adoucit, sa phrase a des chatteries charmantes.

D’abord elle n’a pas joué à l’homme, dit-il, ce qui est parfaitement inexact ; ensuite il ajoute : « elle est femme, bien femme, elle a une taille de femme, des épaules de femme, des lèvres amoureusement moulées. »

« De plus elle a été une faible femme qui est morte de sa faiblesse ». Voilà une phrase qui vaudrait à M. d’Auré­villy une réplique véhémente si Mme de Staël pouvait par­ler. Mais ce qui lui vaut la tendresse de M. d’Aurévilly, ne nous y trompons pas, c’est qu’elle était chrétienne !