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son enfant, n’est-ce pas là un châtiment terrible, le plus terrible de tous ?

Mais, me dira-t-on, la grand’mère, la mère de celui qu’il a déshonoré, lui pardonne…

Oui, elle se trouve sur le seuil de l’éternité, et qui sait si, dans ce moment solennel, on ne juge pas les choses de la terre d’une autre façon que nous. — Cet homme lui dit : « J’étais jeune, mon cœur m’a entraîné, mais j’ai expié mon crime, j’ai offert ma vie à votre fils, tout en respectant la sienne ; puis, pendant vingt ans, j’ai vécu dans la douleur, dans les remords… Cette femme, cette sainte, au moment de paraître devant Dieu, se souvient qu’il est un Dieu de miséricorde, et elle pardonne…

Où voyez-vous là une glorification de l’adultère ?

Les pièces dangereuses, malsaines, sont celles où l’adultère est représenté entouré d’un certain prestige ; où la femme n’est pas une coupable, mais une victime d’un mari qu’elle ne pouvait aimer ; où, enfin, tout le monde jouit de l’impunité et d’un bonheur sans mé­lange.

Voilà, à mon avis, ce qui est immoral, dangereux, car ce sont ces doctrines-là qui se complaisent à peindre les maris ridicules et les amants séduisants, qui poussent à l’adultère et aux amours illégitimes.

Plaider les circonstances atténuantes, voilà où est le mal, tandis que montrer, comme l’a fait Mme Sand, les conséquences fatales d’une faute c’est faire une œuvre de haute moralité…