Page:Olympe Audouard Conference M Barbey-d'Aurévilly 1870.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 14 —

comme une cloche à cornichons sur les pauvres têtes de son siècle. »

Et il ajoute :

« Mme Sand, la romancière, en fournissant depuis plus de trente ans avec ses romans la moralité publique, a pré­paré le succès de l’Autre, où le talent du reste n’est pour rien ; la pièce est mortellement infestée de métaphysique, d’axiomes obscurs, ou incertains, nettement ineptes, sen­tant l’odeur fadasse du poêle du vieux Kotzebue, et en­core, l’Autre ne vaut pas par l’émotion et les larmes bêtes qui de toutes paupières ne demandent qu’à couler, misanthropie et repentir ! S’il n’y avait eu dans la salle l’immoralité générale et sentimentale qui ne sait plus où se prendre à présent sur les premières et grandes ques­tions, mariage et paternité. »

Il continue :

« Mme Sand, qui semblait avec ses champs et autres bucoliques avoir contracté je ne sais quelle innocence, re­prend tout à coup son antique perversité ; la tâche d’In­diana reparaît, le vieux palimpseste de l’adultère qu’on croyait effacé redevient visible. De fait, malgré les formes hypocritement bénignes et berquines de son drame, qui tout d’abord n’a l’air que niais, jamais l’adul­tère dans aucun de ses livres n’avait paru aussi impudent et odieux, et disons le mot, quoi qu’il en coûte, aussi dé­goûtant que dans son drame de l’Autre. »

Je suis tentée de croire que ces mots malsonnants ne coûtent pas autant à M. d’Aurévilly, qu’il semble le dire.