suspension. Elle suscita en province et à Paris la création de nouveaux journaux non moins hostiles : la Tribune de Pelletan, l'Électeur libre de Picard, le Réveil de Delescluze et de Ranc, la Revue politique de Challemel-La-cour, etc. Cependant ces journaux, fondés avec de petites ressources, mal lancés, malgré le talent de leurs rédacteurs, n’obtenaient qu’un succès restreint et constituaient plutôt des centres d’action que des organes de publicité redoutables. Mais le samedi 31 mai 1868, des porteurs affairés venaient déposer dans tous les kiosques, surtout dans ceux des boulevards, une petite brochure rouge du prix élevé de 40 centimes, la Lanterne, par Henri Rochefort[1]. Le marquis avait supprimé sa particule; sur son frontispice il avait mis une lanterne et une corde. La lanterne signifiait : Je vais vous montrer ce qu’ils sont, et la corde : Après cela il ne restera qu’à les pendre. On ouvre la brochure et on lit : « La France contient trente-six millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement. » — Que c’est drôle ! s’écrie le bourgeois ravi. Il continue avidement : « J’ai été accusé par l’employé supérieur qui m’a reçu d’être un ennemi déclaré de l’état de choses actuelles, et un soutien de ces fameux anciens partis. Cette insinuation était d’autant moins fondée que (je n’ai pas à m’en cacher ici) je suis profondément bonapartiste. On me permettra
- ↑ Né le 31 janvier 1831.