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aux Bouroutes, je n’ai point à craindre de voir M. Girard de Rialle s’élever contre moi si je leur assigne une origine mongole, car il enseigne lui-même qu’ils sont d’origine mongole. Dans son mémoire sur l’Asie centrale, au paragraphe qui traite des langues ouralo-altaïques il dit, en parlant des idiomes mongols : « Quatrièmement, la branche mongole, au centre, et se divisant actuellement en trois dialectes : le mongol proprement dit, le kalmouk et le bouriate.[1] »

Laissant donc l’origine mongole des Bouroutes du Dardistan sous la protection immédiate de l’auteur du savant mémoire sur l’Asie centrale, je vais indiquer, avec autant de précision que le permettent les documents un peu vagues que j’ai sous la main, l’origine mongole des Shins.

Nous avons vu que le major Biddulph considère les Shins du Dardistan comme la descendance d’une migration volontaire de Shins dont il n’indique pas le point de départ ; mais de Guignes, qui revient à plusieurs reprises sur le compte des Tchins, dit expressément qu’ils étaient des Chinois qui avaient passé anciennement en Tartarie. Pauthier[2] confirme le fait de cette migration, qui semble, à son avis, coïncider avec la destruction du royaume de Thsin, fondé dans l’ouest de la Chine plus de mille ans avant notre ère. « Au commencement de l’année 642 avant notre ère, dit-il, Mou-Koung, prince de Thsin, dans le Chèn-si[3], perdit contre le prince de Tsi, dans le Chan-si[4], une grande bataille », et, à quelque temps de là, le royaume de Thsin s’efface et la dynastie des Thsin disparaît. C’est alors, trois cents ans environ avant notre ère, que dut se produire vers l’ouest cette migration des Thsins vaincus s’expatriant volontairement. Quelle que soit d’ailleurs la date ancienne où s’effectua cette migration de Thsins de l’est à

    conquest they could hardly have imposed their language on, and assumed a position of superiority over a people who outnumbered them.

  1. Girard de Rialle, Mémoire sur l’Asie centrale, 2e édit., p. 80.
  2. Pauthier, Tchian-tchu ou l’Inde, p. 49-50, note 4, et Histoire de la Chine, t. I, p. 109.
  3. Chèn-si : occident frontière.
  4. Chan-si : occident montagneux.