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vait le pays des Daradas, était, aux temps anciens, comme aujourd’hui, le pays des ours[1].

La Mongolie et son voisinage septentrional sont toujours en effet le pays des fourrures et les livres chinois les plus anciens signalent cette contrée comme la terre nourricière de diverses espèces animales qu’ils confondent avec les ours.

Les recueils de l’histoire naturelle médicale des Chinois parlent d’une variété d’ours à trompe et un très ancien dictionnaire chinois, intitulé Eul-ya, nous fait savoir que ce quadrupède porte en Chine le nom de , les commentaires de ce dictionnaire, également fort anciens, disent que le est semblable à un ours ; qu’il a la tête petite et les pieds bas ; qu’il est tacheté de blanc et de noir ; qu’il peut ronger le fer, le cuivre et le bois de bambou ; que ses os sont durs, compacts ; que ses articulations sont droites et fermes ; qu’il a peu de moelle et que sa peau préserve très bien de l’humidité.

Suivant le Choue-wen, autre dictionnaire fort ancien et très estimé, le est semblable à un ours, mais de couleur jaunâtre. On le tire du pays de Chou[2].

  1. La même défaveur originelle est déversée sur les Kalmuks, qui eux aussi sont d’essence mongole. Une note, ad finem, jointe au paragraphe VII, parle, de la transmigration des Tourgouths du Volga jusqu’en Chine pour se soustraire aux mauvais traitements que leur infligeaient les Russes. Un des plus vifs griefs que les Kalmuks relevèrent contre eux et dont se servirent les meneurs de la migration, est l’apostrophe suivante, que le grand Pristaw (commissaire) colonel Kichinskoï, lança avec colère à la face de Oubacha, khan des Kalmuks du Volga : « Tu te flattes, lui dit-il en faisant allusion à ses projets de fuite, d’une heureuse réussite ; mais apprends que tu es un ours enchaîné, qui ne peut aller où il veut, et qui ne va qu’où on le mène. » (Voyage de Benjamin Bergmann chez les Kalmuks. Essai sur la fuite des Kalmuks des bords du Volga, p. 288.)
  2. Abel Rémusat, Mélanges asiatiques, t. I, p. 233 et suiv.

    La peau du , dit le Pen-thsao-Kong-mou, ou traité général d’histoire naturelle, sert à faire des matelas pour se coucher et des couvertures ; elle garantit de l’humidité, du mauvais air et des maléfices ; la représentation même de cet animal produit cet effet ; aussi, sous la dynastie des Thang, on avait coutume de peindre des figures de pour se préserver du mauvais air.