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Les deux monosyllabes chinois Moung-Kou signifient, dans l’ordre même où nous les prononçons : « Hache rouge ».

Dans ces conditions, la dénomination de « Mongol », tant prodiguée, n’a donc réellement en soi aucune valeur ou portée ethnique, aucune de ces significations indicatives de la race ou de l’habitat, comme, par exemple, la dénomination de Normand, spécificatif d’homme du Nord, et le mot Highlander, qui correspond à notre mot Montagnard, mais qui, à cause du langage dont il relève, est spécificatif de l’habitat de l’Écossais et indicatif de sa race.

Quant au mot Mongol, il est absolument vrai qu’en raison de son étymologie et de sa provenance chinoise, sa valeur première et intentionnelle doit être purement indicative du mode particulier d’armement des tribus agressives, à qui il fut, dès l’abord, appliqué par les Chinois[1].

Des hommes armés de haches au manche rouge s’étant un jour rués sur eux, ils les ont désignés par les mots « Moung-Kou, Mongols, Haches rouges », comme nous nommons lanciers, carabiniers, fusiliers, canonniers, les hommes armés de la lance, de la carabine, du fusil ou desservant des canons, et, de la même manière que les appellations lancier, carabinier, fusilier, canonnier, peuvent avec justesse s’appliquer aux lanciers, aux carabiniers, aux fusiliers, aux canonniers de toutes les armées où existent des armes constitutives des appellations indiquées, la qualification spéciale de Mongol a pu s’étendre à tous les confédérés qui, plus tard, se joignirent à la tribu que les Chinois avaient primitivement ainsi désignée.

L’élasticité de ce nom s’explique si bien par son étymologie chinoise, par les éléments d’histoire nationale qu’il renferme, par le facile chemin qu’il a fait au treizième siècle dans le monde asiatique, qu’aucune autre étymologie ne semble possible et acceptable, car aucune autre ne lui don-

  1. Wôh-tchîn-t’a-wang, quatrième fils de Taï-tsou (Dehinghis-khâan), se nommait Wôh-tch’i-Kin (Wôh à la Hache Rouge). Relation du voyage de K’hiéou, Pauthier, p. 5, note 4.