Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 76 —

C’est qu’en effet, si jamais contrée fut terre mongole, c’est assurément cette province de Liao-toung.

Cette province de Liao-toung, province boréale de la Chine, s’étend du 40° au 42° degré de latitude et du 114° au 123° degré de longitude[1].

L’historien arabe Maçoudi fait, il est vrai, venir de l’Arabie (de l’Yémen) les anciens habitants du Tibet. Pour lui, musulman, ils sont fils d’Amour, petit-fils de Japhet, fils de Noé. « Les anciens habitants du Tibet, dit-il, sont Hémyarytes ; leur patrie primitive était l’Arabie » ; mais il ajoute aussitôt que les Hémyarytes ont été absorbés par les Turcs[2]. Ce qui doit s’entendre des Mongols, parce que, pour les écrivains arabes et persans, Turcs et Mongols sont même peuple, ainsi que nous aurons tout à l’heure occasion de l’apprendre.

Al Byrouny, autre historien arabe, confirme en termes brefs, mais absolus, la présence des Turcs (des Mongols) au Tibet : « L’Indus, dit-il, prend sa source aux montagnes de Onannak, sur les confins du pays des Turcs (Mongols)[3]. »

Cette dernière indication, bien précise et bien facile à vérifier, affirme positivement que les Turcs (Mongols) sont au Tibet.

Et, à moins que M. Girard de Rialle ne puisse nous prouver que Ma-touan-lin, Maçoudi et Al Byrouny se sont malicieusement ligués pour lui jouer un mauvais tour, nous devons tenir les peuples du Tibet pour gens d’essence mongole.

Cependant, avant de sortir de cette question du Tibet,

  1. Édouard Biot, Dictionnaire des villes et arrondissements de l’empire chinois, p. 102, B.
  2. Langlès et Reinaud, Relation des voyages faits par les Arabes et les Persans dans l’Inde et à la Chine, t. I, Discours préliminaire, p. cxlv et suiv.
  3. Reinaud, Fragments arabes et persans relatifs à l’Inde. Al Byrouny, p. 117.