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droit et je me bornerai, sur les danseuses et les bayadère, à quelques indications professionnelles.

Je pourrai ainsi être plus bref et plus net.

Comme expression de la joie et de la satisfaction, les sauts et les gambades sont de tous les temps et de tous les peuples.

Les nègres de Saint-Domingue ont la danse du Vaudou, orgie de gambades et de lubricité.

Les sauvages de l’Océanie ne comptent pour bonnes fêtes que celles où la danse la plus dégingandée les assouvit de fatigue, et nos Tahitiennes ont encore la danse upa-upa, entraînante et voluptueuse.

Au Cambodge, à la huitième lune, toute la nation célébré le Yaï-lan, danse religieuse qui, pour un jour, met en liesse toutes les jambes de la contrée. Le roi lui-même sacrifie à la coutume antique, et ce jour-là il danse en personne, à huis clos, dans son palais[1].

Chez les anciens Égyptiens, la danse, comme gymnastique, faisait partie du programme d’éducation nationale avec la lutte et la course.

Chez Israël, nous voyons Marie, sœur de Moïse, danser en chantant pour célébrer l’heureuse délivrance des tribus sorties d’Égypte[2].

Aux fêtes de Sparte, jeunes garçons et jeunes filles dansent tout nus, et chez les Romains, aux Bacchanales, la danse aux larges allures avait la plus belle part des acclamations publiques.

Aucun peuple n’a le droit de se dire l’inventeur de la danse. La danse est, comme l’expression de la douleur, quelque chose d’automatique et d’universel.

Avec le temps et comme les peuples, la danse s’est civilisée ; elle a pris des allures réglées sur les sentiments de convenance et les élans de la passion, et l’étude nous a donné la danse de caractère et d’expression.

  1. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier, Cambodge, p. 124.
  2. Exode, chap. xv, p. 20 et suiv.