Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 47 —

cile conjugal. Voici une veillée des armes qui ne manque pas d’originalité et qui fait honneur à la bonne foi des maris en herbe, à moins qu’elle ne trahisse l’indolence innée de ce peuple[1]. »

Je n’irai pas plus loin en Orient et, résumant les indications que j’ai présentées sur l’attitude commandée aux femmes par les usages sociaux d’une grande partie de l’Asie, je constate :

1o  Que la prostitution, telle que nous la comprenons, a été dans l’antiquité et est encore aujourd’hui en Asie stigmatisée d’infamie ; que là, les femmes qui s’offrent à tous, au mépris des convenances et de la foi jurée, sont à peu près mises hors la loi ;

2o  Que chez quelques nations de l’Asie, les jeunes filles avant le mariage peuvent ici et doivent là, pour trouver à se marier, avoir au préalable complété par la pratique leur éducation d’amour ;

3o  Qu’il est au moins une tribu, au Tibet, chez qui les devoirs de l’hospitalité commandent l’abandon à l’hôte reçu de la jouissance de la maison qui l’abrite et des femmes — épouses, filles ou sœurs — de l’hôte qui reçoit ;

4o  Que dans l’Inde brahmanique les lois de Manou ont, par une dérogation aux chastes précautions dont elles ont entouré la couche conjugale, autorisé tout ménage sans enfants à en acquérir à l’aide d’une greffe collatérale.

XI

Pour épuiser la série des observations sommaires que je m’étais promis de présenter à propos de la communication de M. de Ujfalvy, il me reste à parler des « danseuses et des bayadères », à l’existence accidentée desquelles a fort indûment été mêlée l’existence des dames asiatiques.

L’attitude désormais connue des dames du monde asiatique les dégageant complètement d’une compromettante promiscuité, je m’abstiendrai ici de tout parallèle à leur en-

  1. Congrès international des sciences ethnographiques, 1878, p. 383.