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de ce sinologue que j’emprunte les indications qui suivent[1] :

Les croyances religieuses qui ont cours au Cambodge relèvent du bouddhisme ou des pratiques du tao (raison suprême).

Au Cambodge une fille riche se marie ordinairement entre sept et neuf ans. Celles qui sont très pauvres attendent quelquefois jusqu’à onze ans[2].

Selon que les fiancés appartiennent par leurs croyances au bouddhisme ou au tao, c’est ou un prêtre du Bouddha ou un tao sse qui est chargé de préparer la fiancée pour l’œuvre du mariage.

L’annaliste chinois nomme cette œuvre de préparation t’chin-than, expression qui tout à l’heure va s’expliquer d’elle-même.

Chaque année, à l’époque qui correspond à la quatrième lune[3], l’officier de la province fait connaître le jour choisi pour le t’chin-than[4]. Ce jour-là, chaque prêtre a sa cliente et n’en peut avoir qu’une.

Au jour dit, le cortège d’amis des fiancés, avec musique et tambours, va en grand apparat au-devant du prêtre et l’accompagne à la maison de la fiancée.

Là, sont préparés deux dais recouverts d’étoffes de diverses couleurs. Le prêtre occupe l’un, la fiancée occupe l’autre.

La nuit est venue, le gros de l’escorte se retire, mais tambours et trompettes s’acharnent à tapager devant la maison de la fiancée.

Pour cette nuit, dit la relation, le prêtre n’est retenu par aucune défense, et voici, aussi honnêtement que je puis l’exprimer, ce qui se passe alors[5].

  1. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier. Description du royaume de Cambodge, p. 71 et suiv.
  2. Abel Rémusat, loc. cit., p. 116.
  3. La première lune commençant vers la fin de janvier ou au commencement de février, la quatrième lune arrive vers le mois de mai.
  4. Mot à mot, en latin, strati dispositio.
  5. Voici la traduction latine que donne Abel Rémusat du texte chinois : Audivi illum cum virgine simul in proximum cubiculum ingredi, ibique eam, manu adhibitâ constuprare. Manum deinde in vinum immisit, quo, si quibus-