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Bien entendu, le divin étudiant arrive chez le maître en grand apparat ; il est lui-même fulgurant de splendeur, « Viçvamitra, ne pouvant soutenir l’éclat et la gloire du Bôdhisattvâ[1], tomba prosterné la face contre terre, » mais il fut relevé par un « Fils des dieux » qui du haut des cieux tint à l’assemblée un discours dont voici le début :

« Dans ce monde des hommes, ce qu’il y a de çastras[2], de nombres (saṅg-khyâ), d’écritures, de calculs, de charmes des éléments (dhâtou mantra), de branches innombrables d’arts du monde, celui-ci les connaît depuis des millions de kalpas[3]. Bien plus, il fait l’accord des créatures entre elles ; il mûrit de nombreux enfants pour le meilleur Véhicule… »

Après avoir parlé ainsi, le Fils d’un dieu jeta sur le Bôdhisattvâ une profusion de fleurs et disparut en ce lieu même[4].

Ainsi l’être à qui nous avons affaire, le Bouddha Çakya-Mouni, enfant, est un être qui connaît tout depuis des millions de kalpas, et qui fait l’accord des créatures entre elles, de sorte que, dès à présent, nous sommes avertis que tout ce que dira l’Enfant divin, étant connu de lui depuis longtemps, a, lors même que nous n’y comprenons rien, sa raison d’être pour l’objet de son intention et comme il le dit.

Or « le Bôdhisattvâ, ayant pris une feuille à écrire faite d’essence de sandal des Ouragas, enduite d’une couleur divine, parsemée de paillettes d’or, ornée tout autour de pierres précieuses, parla ainsi au précepteur Viçvamitra :

— Eh bien, maître, quelle écriture m’apprendras-tu ? »

Et, sans attendre la réponse du maître, le Bôdhisattvâ énumère soixante-quatre espèces d’écritures.

À propos de ces soixante-quatre espèces d’écritures, fort diversement dénommées, le traducteur du Rgya Tch’er Rol Pa, M. Éd. Foucaux, consigne en note l’observation que voici :

  1. Bôdhisattva, c’est-à-dire l’Être uni à l’intelligence.
  2. Çastras, œuvres littéraires.
  3. Kalpa, période de 4 320 000 000 d’années astronomiques.
  4. Rgya Tch’er Rol Pa, chap.  x, p. 121.