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Au commencement du septième siècle de notre ère, les Grands Youei-chi avaient réussi à faire mettre un des leurs sur le trône du Khang-kiu, qui est la Sogdiane[1].

Enfin, parlant du Grand-Wan, qui est le Fargana, l’auteur chinois dit que ce royaume se trouve voisin de la Sogdiane au nord et du pays des Grands Youei-chi au midi[2].

Toutes ces indications topographiques placent les Grands et les Petits Youei-chi[3], en prolongement de leur point de départ qui est le nord-ouest de la province de Chen-si, au nord-ouest du Kachmir et au nord du Tibet pour la partie antérieure de leur territoire.

Avec une compétence sans conteste et une persévérance d’ailleurs heureuse, Abel Rémusat a étudié une à une et aussi dans leur ensemble le plus grand nombre des langues tartares[4] ; au cours de son travail, il a su, avec un luxe tout à fait édifiant d’érudition et de preuves, identifier les Grands Youei-chi avec les Massagètes et les Petits Youei-chi avec les Gètes de nos auteurs classiques, et dans une note il fait observer que le nom chinois Ta-Youei-ti est l’équivalent exact du mot Massagètes, qui avait bien certainement la même signification[5].

Cette identification constatée, poursuivons la démonstration de la localisation, telle que je l’ai indiquée, des Gètes et des Massagètes, en n’employant désormais que ces dénominations ethniques.

  1. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier, p. 227.
  2. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier, p. 200.
  3. Notons ici au bénéfice de ces Grands et Petits Youei-chi (Massagètes et Gètes) cette constatation de leur génie industriel et commercial : « Au temps de Thaï-Wou de la deuxième dynastie des Weï, 220 à 280 de notre ère, des marchands vinrent de ce pays (Kan-tho-lo, Candahar) à la capitale de la Chine. Ils se vantaient de savoir fondre les pierres pour en fabriquer du verre de toutes couleurs. Là-dessus on alla ramasser divers minéraux dans les montagnes, on les leur apporta dans la capitale et ils les fondirent. Quand ils eurent terminé ce travail, le produit se trouva plus brillant et plus beau que celui qui vient des pays occidentaux. » (Ma-touan-lin, Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier, p. 123).
  4. Abel Rémusat, Recherches sur les langues tartares.
  5. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier, p. 220, note 3.