Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 17 —

longtemps a vécu avec les Mongols à la frontière russo-chinoise, prétendait que les traits des Tubétains offrent une grande ressemblance avec ceux des singes. Cette ressemblance, disait-il, se montre principalement chez les vieillards qui parcourent souvent la Mongolie comme émissaires du clergé du Tubet[1]. »

Cette légende est intéressante à plus d’un titre, mais je n’en veux ici retenir que l’enseignement que voici : les hymnes du Rig-Véda abondent en désignations ethniques, et justement, au nombre des peuplades que maudissent presque à chaque stance les hymnes védiques, je trouve les Mletchas — barbares, hommes sans caste — et les Rakchasas — autres barbares, peuple de voleurs. — Et, sans crainte de nous tromper, nous pouvons identifier les noms de Mletchas et de Rakchasas à ceux de Metchin et de Raktcha que portent dans les livres des bouddhistes, invoqués par Klaproth, le singe mâle Metchin et sa femelle Raktcha, donnés comme générateurs des tribus centrales du Tibet.

Abel Rémusat, après Ma-touan-lin, nomme comme tribus du Tibet : les Yang-Thoung, les Si-li et les Thang-Kieou-pa[2] ; mais ce ne sont là que des tribus partielles qui relèvent de l’origine première des tribus du Tibet, qui sont généralement mongoles.

Le P. Huc, dans son Voyage au Tibet, mentionne Tsong-Kaba ; mais c’est là un réformateur, et un réformateur moderne, puisqu’il réforme le bouddhisme, qui date au Tibet du septième siècle de notre ère[3], et non pas une tribu.

En tout cela je ne vois ni Dardis ni Baldis, et je ne sais rien de plus qui soit spécial à l’origine des Tibétains.

  1. Tableaux historiques de l’Asie depuis la monarchie de Cyrus jusqu’à nos jours, 1 vol.  texte in-4o et un atlas de 27 cartes in-folio.
  2. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. Ier, p. 190, 191, 192.
  3. Le Tibet est divisé en quatre grandes provinces, nommées Om, Dzang, Kam, Ari (Klaproth, Magasin asiatique, t. II, p. 200).