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Toujours poussés de proche en proche, vers le sud, ces sauvages se réfugièrent dans les hautes et difficiles montagnes qui se pressent à l’ouest de la Chine, c’est-à-dire vers le massif tibétain[1].

Là, dans une position facile à défendre, ils ont pu avec des chances diverses maintenir jusqu’au milieu du treizième siècle de notre ère leur complète indépendance[2].

À la première appellation de Miao-Tseu a succédé dans les mémoires de la Chine la dénomination de San-Miao, c’est-à-dire les Trois (tribus de) Miao. Plus tard le mot Khiang désigna l’ensemble de toutes les tribus tibétaines, et la contrée par elles occupée fut indifféremment appelée Si-Jound, c’est-à-dire Pays des barbares occidentaux, et Kouei-fang, c’est-à-dire Pays des démons[3].

Les Tibétains ont sur leur origine une légende qui, je le crois, est d’invention bouddhique. Dire pourquoi je crois cette légende d’invention bouddhique serait trop long, et d’ailleurs hors de propos[4], et je donne ici la légende telle que je la trouve dans les Tableaux historiques de l’Asie par Klaproth :

« Ainsi que toute la nation tubétaine, dit ce sinologue, les Khiang prétendaient être issus d’une espèce de grands singes. Encore aujourd’hui la partie moyenne du Tubet s’appelle Pays des singes. D’après les ouvrages des bouddhistes, ses habitants descendent du singe Sarr Metchin et de sa femelle Raktcha. Ils se glorifient de cette origine et se croient plus anciens que les autres hommes. Jæhrig, qui pendant

  1. Chine, par G. Pauthier, 1re partie, in-8o. Paris, Firmin Didot frères, 1837.
  2. C’est Ou-liang-ou-taï, lieutenant de Mangou-Khaân, qui en 1253 pénétra dans le (Tou p’ho) Tibet à la tête d’une armée considérable.

    En 1209, Dchinghis-Khaân avait déjà conquis la partie septentrionale du Tibet, qui est le Tangut (Marco Polo, G. Pauthier, 2e partie, chap.  cxiv, p. 370, note 1). Le Tibet est passé sous la suzeraineté de la Chine en 1648.

  3. Klaproth, Tableaux historiques de l’Asie, p. 131.
  4. Voici cependant une indication sommaire : les tribus dont il va être question ayant été maudites par le Code des lois de Manou et les écrits brahmaniques, cette malédiction dut être pour les bouddhistes une raison de les préconiser.