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une des peuplades qui, dans l’antiquité, ont occupé les territoires situés pour leur partie orientale à 1 100 lieues des frontières occidentales de la Chine, pour leur partie occidentale à 150 lieues de la Sogdiane, et compris du sud au nord entre la latitude du Kachmir et celle de Kachgar.

Il y a là de l’histoire, de l’histoire que l’on ne peut pas supprimer même en faveur des Dardis authentiques que nous recherchons ou plutôt dont nous recherchons l’antique dem eure.

C’est cette histoire que je veux brièvement exposer ; mais, pour procéder avec ordre, sachons d’abord ce que, dans l’antiquité, peuvent pour les Dardis le Kachmir et le Tibet.

IV

Les annales qui nous restent sur le Kachmir sont tout entières renfermées dans la Radjatarangini de Kalhana[1], c’est-à-dire dans l’histoire des rois du Kachmir, histoire écrite avec l’enthousiasme d’un poète d’Orient du douzième siècle (1148), suspecte par conséquent d’exagération, mais non de parti pris d’inexactitude.

Là, quoique, comme dans le Schah-Namèk de Firdousi, la poésie domine l’histoire, nous pouvons cependant apercevoir des enseignements qui ne sont point à négliger, et, par exemple, nous devons croire que si Kalhana donne les Nagas pour premiers ancêtres aux Kachmiriens, c’est que lui, poète national, a quelques bonnes raisons pour faire cette attribution.

Le mot naga signifie serpent, dragon. Il désigne aussi des êtres fantastiques mi-partis hommes et serpents, qui ont leur place au ciel indien, mais nous ne devons pas nous arrêter à la signification qu’à ce mot dans la langue courante ; il faut ne nous en préoccuper ici que pour la valeur ethnique qu’il représente dans l’ouvrage de Kalhana.

  1. Radjatarangini, Histoire des rois du Kachmir, traduite et commentée par M. A. Troyer, 3 vol.  in-8o, Imp. nationale, 1840-1852.