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On dit en Espagne : Ne touchez pas à la reine ! Or, il y a vingt-cinq ou trente ans, un accident arriva à la voiture de la reine d’Espagne. Elle allait faire une chute fâcheuse, quand l’officier de service la soutint et para la chute. Par le fait même de son intervention dévouée, l’officier espagnol, qui, comme l’officier anglais au Tibet, avait rempli son devoir d’homme de cœur, avait mérité la mort et il fallut un indulto royal pour le relever de la peine encourue.

Revenons au Tibet et au Kachmir.

III

M. de Ujfalvy a pratiqué ici et là des mensurations ; il a examiné autant qu’il a pu et d’aussi près qu’il a pu les bruns et les blonds et ses observations l’ont amené à conclure que les Durdis et les Baltis, dont quelques familles se rencontrent au nord du Kachmir et du Tibet où elles habitent, pourraient bien représenter de nos jours, par continuité, la souche des habitants primitifs du Kachmir et du Tibet.

Cette question ne se présente point à mon esprit aussi simple qu’elle paraît s’être offerte sur les lieux à l’esprit de notre collègue.

Je n’ai pas aperçu, dans l’exposé qu’il nous a fait de ses recherches ethniques au Kachmir et au Tibet, une préoccupation quelconque des exigences de l’antiquité historique, dont, ici comme ailleurs, il y a lieu cependant de tenir grand compte.

Je ne dis pas que l’antiquité historique fasse absolument échec aux acquisitions spéculatives de notre collègue ; mais il est certain que son intervention peut, sur pièces authentiques, mettre à la présence séculaire des Dardis tels qu’il nous les dépeint et sur les territoires qu’il leur assigne, un empêchement matériel d’une grande puissance.

M. de Ujfalvy n’est pas le seul voyageur qui confine les Dardis sur les territoires sis au nord du Kachmir, où il les désigne comme un des contingents de la primitive population de la haute Asie.