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XII

C’est au Mahâbhârata que j’ai emprunté tous les faits de polyandrie que je viens de citer. Par l’attribution que ce poème en fait aux époques antérieures aux rois Droupada et Youdhishthira, ou à celles qui leur sont contemporaines, c’est, pour cette pratique de la polyandrie, une antiquité qui peut remonter à 2 000 ans et qui ne descend pas au-dessous de 1 200 ans avant l’ère vulgaire.

Diverses circonstances permettent de croire que nous pourrions accepter ces indications chronologiques comme douées des conditions d’une satisfaisante approximation ; mais, pour répondre aux préoccupations exprimées par quelques-uns de nos collègues, je veux bien, dans cette discussion, ramener l’antiquité de cette pratique à l’époque où le Mahâbhârata, colligé de toutes parts, a été, par les Pandits[1] de l’antiquité moyenne, présenté en corps d’ouvrage, dans l’état où il nous est parvenu, et je vais, aussi succinctement qu’il me sera possible, chercher à déterminer cette date de présentation.

Dans la préface qu’il a mise en tête de sa traduction du Ramayana, Hippolyte Fauche donne à ce poème une antiquité de 3 400 ans. « L’auteur de ce poème et son héros, dit-il, vivaient dans le même âge. On dit que Valmiki florissait au moins quinze centaines d’années avant la naissance de J.-C. Ainsi, la grande scène du Ramayana s’ouvrait avant la scène plus étroite où les guerriers d’Argos et d’Ilion allaient jouer le drame en dix années qui devait inspirer l’immortelle épopée de l’Occident ; ainsi, le sage Rama est antérieur au bouillant Achille ; ainsi, l’anachorète Valmiki précédait l’aveugle Homère de trois siècles dans la vie. »

C’est là, pour le Ramayana, un âge assez généralement accepté.

Quelques indianistes ont prétendu que l’auteur présumé

  1. Sanscrit : Pandita, nom donné au brahmane instruit et capable d’enseigner.