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a été un jour enlevée par un adorateur quelque peu brutal ; ce qui n’empêche pas que cette femme aux cinq ou six maris[1], que cette mère aux cinq enfants ne soit, personnellement, une des cinq vierges — Pantcha-Kanya — à qui les brahmanes adressent journellement d’ardentes prières.

X

Le royaume de Pantchâla, sur lequel a régné Droupada, le père de Krichnâ-Draâupadi, était situé au nord et dans le voisinage du confluent de la Yamounâ et de la Ganga — le Jumnâh et le Gange. — Le Harivausa donne l’étymologie et la raison de ce nom de Pantchâla, dans le passage suivant :

« Je te dirai maintenant, ô fils de Bharata, quelle fut, d’un autre côté, la noble race d’Adjamîdha. Ce monarque eut, de Nilini, le prince Sousanti. Celui-ci donna le jour à Pouroudjâti, et Pouroudjâti à Vahyaswa. Vahyaswa eut cinq fils, pareils à des immortels : Mondgala, le roi Srindjaya, Vridichou, Yavinara, l’invincible, et Crimilâswa. Ces cinq princes sont, dit-on, suffisants pour la défense des provinces (pantcha alam). Telle est l’origine de ce nom de Pantchâla[2]. »

Cet État s’est aussi nommé Kanyakoubja, du nom de sa capitale. Ce mot Kanyakoubja est fait de Kanya, vierge, et Kubja, bossu, par allusion à une ancienne légende d’après laquelle les cent filles de Kucanabha, roi de cette contrée, devinrent bossues par la vengeance de Vâyu, dieu des vents, aux désirs amoureux de qui elles avaient résisté[3].

Le Pantchâla est un royaume de création aryane des temps anciens. Les lois de Manou en constatent l’existence dans les termes suivants[4] :

  1. Kounti en a eu cinq. Car une légende enseigne que Kounti, avant d’épouser Pandou, avait eu de Soûrya, dieu du soleil, un fils nommé Karna.
  2. Harivansa ou histoire de la famille de Hari (Vichnou-Krishna), traduction de A. Langlois, t. Ier, 32e lecture, p. 148, 149.
  3. Troyer, Râdjatarangini, t. Ier, notes, p. 486.
  4. Lois de Manou, liv. II, sloka 19.