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époux — qu’intervient le récit des faits qui ont procuré, le même jour, cinq maris à une seule princesse.

Voici, abrégé autant que je l’ai pu faire, le récit du poète :

« La fille du magnifique Yajnaséna[1] nommé aussi Drou-pada, la brune et belle Krichnâ Draâupadi[2], ayant fixé le moment où elle choisira un époux, son père Droupada fit annoncer dans toutes les directions et à toutes les cours la fête du Swayamvara. »

Pour donner à cette fête plus d’attrait et d’éclat, le roi Droupada avait imaginé un concours de force et d’adresse, où le vainqueur serait nécessairement le plus vigoureux et le plus habile des archers.

« Un arc pesant et raide à bander ; cinq flèches à décocher vers un but mobile à abattre ; but au-devant duquel était suspendu un anneau dont les flèches devaient traverser le champ avant de frapper le but. »

Tel était le programme.

La belle Krichnâ Draâupadi était l’enjeu du concours, le prix destiné au vainqueur.

Partout l’ambition fut surexcitée. Toutes les cours, prochaines ou éloignées, fournirent de nombreux contingents de compétiteurs, et chacun d’eux se croyait le plus fort et le plus habile.

En ce temps-là — et pour des raisons ici indifférentes — vivaient, retirés dans la forêt Kâmiaka, chez le potier Bhargava, les cinq fils de Pandou, savoir : Youdhishthira, Bhimasêna[3], Ardjouna[4], Nakoula[5] et Sahadèva[6], qui demeuraient là, avec Kounti, mère des trois premiers princes[7].

Kchatriyas par la naissance, ces jeunes princes avaient,

  1. Yajnaséna : celui qui marche à la tête d’une armée de sacrifiées.
  2. Krichnâ signifie : noir, et Draâupadi : fille de Droupada.
  3. Bhimaséna : Redoutable armée ; en tibétain : Hdjigs sde.
  4. Ardjouna ; qui a obtenu le monde ; en tibétain : Srid sgroub.
  5. Nakoula : sans famille ; en tibétain : Rigs med.
  6. Sahadèva : avec un dieu ; en tibétain : Lhar Bichas.
  7. La mère de Nakoula et de Sahadèva se nommait Madri.