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science, affirmer avoir examiné en détail chacun des faits ou des objets qu’il fait connaître.

Ce n’est que par tierce information que les détails d’intimité sont connus, et, par exemple, M. de Ujfalvy, qui nous a dénoncé, avec l’entrain charmant de ses causeries humoristiques, les pantoufles des maris tibétains, en bonne fortune matrimoniale, n’affirmerait point, que je croie, avoir vu ces pantoufles en sentinelle à la porte du paradis conjugal.

Elphinstone, qui a signalé le même fait, ne dit point, non plus, avoir vu les pantoufles en faction d’amour, et les commentateurs de Marco Polo, qui mentionnent cette même circonstance, n’engagent point leurs informateurs dans une aussi téméraire affirmation.

Cela dit, pour attester que la parole de Klaproth vaut celle des écrivains et des voyageurs respectables que je viens de citer, je vais passer aux confidences que j’ai à faire sur la pratique de la polyandrie chez les Aryas-Hindous du nord de l’Inde aux premiers siècles historiques de leur existence en corps de nation.

VII

Nous n’avons, en général, que fort peu de détails sur la vie intime des Aryas-Hindous de primitive civilisation, mais sur le fait spécial que je viens d’indiquer, il existe des notions précises et formelles qui ne laissent aucune place au doute.

Ces notions sont d’un caractère tel, qu’elles nous permettent, tout à la fois, d’affirmer le fait lui-même et de prouver que la pratique en était déjà établie de quinze à vingt siècles avant l’éclosion de l’ère vulgaire.

Il ne semble pas toutefois qu’à cette époque reculée la polyandrie existât dans les mœurs à titre d’usage général et recommandé, mais il est certain qu’alors les classes supérieures de l’antique société hindoue en usaient à leur aise et que l’institution de la polyandrie a sa place dans les mœurs comme acte légitime et dûment sanctionné.