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même femme, l’usage légitime et, au désir de la loi exclusivement personnel, de plusieurs maris. Mais comme il est absolument vrai qu’au jeu de la copulation une femme, eût-elle cent partenaires, ne peut acquérir qu’une seule fécondation, il s’ensuit que tous les maris, moins un, d’une femme polyandre, sont des maris surnuméraires.

Dans ces conditions, on ne peut douter que, rendues à la vie civile, les 6 000 recluses des couvents du Ladâk ne trouvent facilement à se pourvoir individuellement de maris, et il n’est pas téméraire de croire que les 6 000 ménages, montés pour l’action, ne puissent, au terme d’un an, fournir 6 000 naissances.

Les 6 000 recluses des couvents du Ladâk frustrent donc la société civile de cette province de 6 000 naissances possibles au terme d’un an ; pour dix ans, le déficit serait de 60 000.

Je sais bien qu’il y aurait, dans la réalité du fait, beaucoup à rabattre du chiffre de 60 000. Mais ce chiffre de naissances possibles fût-il en fin de compte réduit au tiers, c’est-à-dire à 20 000, il est bien certain que, dans un centre de population aussi clairsemé que le Ladâk, 20 000 absents constituent un fort sensible déficit ; déficit qu’il y a lieu d’imputer directement aux couvents de femmes du Ladâk, dont les méfaits sournois s’ajoutent ainsi aux mécomptes que crée méthodiquement la pratique générale de la polyandrie.

VI

L’autre observation que j’ai à présenter se rapporte, ainsi que je l’ai dit, à J. Klaproth.

M. de Ujfalvy, avec de bonnes intentions, je n’en peux pas douter, a cru devoir nous prémunir contre un trop facile entraînement vers le témoignage de Klaproth, invoqué par moi dans la discussion sur les tribus de l’Asie centrale.

À son avis, le témoignage de Klaproth doit être suspecté ; avec le concours d’un géographe russe, notre collègue a dé-