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Les tribus, les familles ainsi mises en jouissance temporaire des terres qui leur sont conditionnellement attribuées, sont tenues au payement — le plus souvent et surtout en nature — de redevances annuelles, dont le bénéfice par escales ascendantes arrive, diminué des parts des ayants droit intervenants, jusqu’au trésor personnel du Dalaï-lama[1].

C’est dans ces conditions de jouissance précaire et limitée, même dans le présent, par la crainte d’une dépossession toujours possible, que se présente au Tibet l’exploitation des terres de culture et de pâture.

Pour les familles coloniales, il n’y a là ni présent qui soit suffisant, puisqu’un travail de préparation partout nécessaire ne l’a pas précédé ; ni avenir qui provoque au travail d’assolement à long terme, puisque ici, plus encore que partout ailleurs, l’avenir manque d’essor et d’existence prévue.

Aussi chez les familles coloniales tous les efforts se rétrécissent et s’encadrent dans la stricte actualité, et tandis qu’elles modèrent l’importance de leurs troupeaux au peu de terre que ne dessèchent pas chaque année les chaleurs de l’été, c’est tout au plus si, pour elles-mêmes, et pour satisfaire en nature aux redevances fiscales, elles ensemencent quelques portions de terre en blé, en orge et en sarrasin.

Où l’avenir manque, le travail languit et s’éteint.

Ainsi s’expliquent, par l’imperfection de son régime économique, l’insuffisance de la culture des terres au Tibet ; par

    ment des fleuves, peut relever au Tibet d’une haute antiquité ; mais elle paraît avoir été renouvelée au commencement du neuvième siècle de notre ère par le roi Thisrong, intronisé au Tibet à l’âge de treize ans, dans l’année 803 de notre ère. (Conf. Abel Rémusat, Fra Francesco Orazio della Penna, p. 38, ouvrages déjà cités ; Anquetil-Duperron, Législation orientale. Enfin et tout particulièrement dans : Transactions of the Royal Society of the Great Britain and Ireland ; Remarks on the religions and social institutions of the Bouteas or inhabitants of Boutan. Vol. II, seconde partie, p. 491 et suivantes.

  1. Il ne faut pas oublier, dans l’appréciation à faire des institutions du Tibet, que le Dalaï-lama est l’incarnation de la divinité. La mort individuelle et le changement de personne ne sont pour la divinité lamaïque qu’un changement d’enveloppe.