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Kachmir se sont répétées plusieurs fois ; de la linguistique, parce que notre voyageur nous dit la valeur exacte que nous devons attacher ici au mot Shina.

L’importation, aux environs du Kachmir, du poirier et du pêcher de la Chine ne doit point être en effet attribuée à la première migration des otages.

Il n’est pas douteux que les premiers otages chinois, réclamés par le roi Kanichka, durent quitter leur pays natal avec espoir de retour, et, puisqu’ils durent croire leur exil temporaire, accepter cet exil avec ses conséquences de gêne et de privations momentanées. Tout autres durent être l’impression ressentie et les dispositions prises par les otages de contingents nouveaux.

Fixés sur le sort qui les attendait par le sort infligé à leurs compatriotes de la première migration, ils durent penser à doter leur patrie d’adoption forcée, des avantages dont ils avaient le bénéfice dans leur pays natal, et c’est ainsi que la poire et la pêche au Kachmir témoignent de la pluralité des migrations chinoises vers le Kachmir et expliquent comment encore, vers la moitié du septième siècle de notre ère, les tribus voisines du Kachmir montraient, comme le fait observer Hiouen-thsang, « un profond respect pour le pays oriental » (la Chine), et que les populations, lorsqu’elles virent le voyageur, se disaient entre elles, en le montrant du doigt : « Cet homme est de la patrie de nos premiers rois. »

Les Annales des Huns affirment à plusieurs reprises le souvenir des migrations de Chinois mongols vers le Kachmir, et j’ai déjà fait observer que de Guignes parle de Chinois qui avaient passé anciennement en Tartarie, où leur postérité s’était conservée.

L’historien arabe Al Byrouny[1], dont j’ai déjà fait intervenir le témoignage, me vient encore en aide sur ce point ; parlant des pays voisins du haut Indus, il constate que « les pays

  1. Reinaud, Fragments arabes et persans relatifs à l’Inde, extrait de l’ouvrage de Al Byrouny sur l’Inde, p. 117.