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UN SAUVETAGE

— En apparence, oui, répondit Maurice, mais j’y pensais depuis bien longtemps.

— C’est vrai, c’est vous qui avait tout dirigé, tout préparé sans rien dire.

— À quoi bon parler quand c’est inutile ? Il suffit de parler au bon moment. Mais depuis des mois je pensais à mon avenir comme j’ai pu l’arranger grâce à vous, je pensais à cette minute délicieuse que je savoure en ce moment. Germaine bien-aimée, pendant de longs jours j’ai dû taire mon amour pour préparer son avènement : aujourd’hui, je peux le laisser parler… Germaine, je vous aime, vous vous laissez aimer, je vous en suis profondément reconnaissant, et si vous voulez m’aimer un peu, à votre tour, ce sera l’indicible bonheur.

— Maurice, je vous aime aussi, mais j’ose à peine vous le dire… une erreur dont vous m’avez sauvée…

— Chut ! Germaine, il était entendu que nous n’en parlerions plus… Mais si vous n’osez pas le dire, donnez-m’en la marque qui de tous temps a été le signe béni de l’amour, le divin baiser qui unit les âmes en unissant les lèvres…

Ils arrivaient à l’ombre de la tonnelle. Maurice prit sa fiancée dans ses bras et pour la première fois, leurs lèvres s’unirent.

Mais Suzanne arrivait au bras du baron ; la halte prolongée de leurs amis ne leur avait pas échappé.

— Comme ils sont heureux, dit Suzanne.

— Et vous, ma bien-aimée, n’êtes-vous pas heureuse ?

— Autant qu’ils peuvent l’être.

— Mais moins que moi, Suzanne, surtout si vous vouliez, vous aussi, me donner la même preuve d’amour, là, dans ce jardin, le premier baiser, le premier gage d’une vie de félicités.

De bonne grâce, Suzanne leva son visage vers lui et eux aussi unirent pour la première fois leurs lèvres.

— Eh bien, murmura Suzanne, direz-vous encore que partir c’est mourir un peu ?

— Non, ma bien-aimée, au contraire, c’est revivre d’une vie plus ardente quand on a le cœur plein d’espoir et qu’on emmène avec soi l’amour de sa vie.


FIN
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