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UN SAUVETAGE

Et si je n’en trouve pas, faudra-t-il que je cherche du travail pour gagner ma vie ?

Son parti fut vite pris ; cependant elle ne voulut pas avoir l’air de se jeter éperdûment à sa tête, et elle répondit :

— C’est bien tentant ce que vous m’offrez là, baron.

— Alors, laissez-vous tenter.

— Mais si je suis tentée, je suis aussi surprise.

— Et vous voulez le temps de vous ressaisir.

— Le temps de me faire à cette idée.

— Je comprends, mais dans votre incertitude, ne vous sentez-vous pas pencher tout de même d’un côté plutôt que de l’autre ?

— Vous êtes terrible, baron, vous voulez un mot d’espoir, eh bien ! allons, je crois que nous nous entendrons… Là, êtes-vous content ?

— Je suis profondément heureux, d’un bonheur comme je n’en avais pas encore ressenti, un bonheur que je voudrais au moins annoncer à nos amis…

— Rejoignons-les si vous voulez, mais… à condition que la nouvelle n’aille pas plus loin.

Germaine et Maurice arrivés au but de la promenade, s’étaient assis à l’ombre des rochers, la main dans la main, et attendaient les retardataires en regardant la mer à l’horizon. Quelques minutes après, Suzanne et le baron s’asseyaient à côté d’eux.

— J’espère, dit le baron à Maurice que vous ne serez pas le seul à être heureux ; j’ai dit mon amour à Mlle Suzanne et elle ne m’a pas repoussé, sa dernière parole est même une parole d’espoir.

— Tous mes compliments ! s’écria Maurice en lui secouant la main.

Et il ajouta à voix basse :

— Je vous le disais bien… Vous ne vouliez pas me croire.

Puis, se tournant vers Suzanne, il continua :

— Mes compliments aussi, Mademoiselle.

Et à voix basse :

— Bravo, bravo ! Quand je vous le disais…

Les deux amies s’embrassèrent. L’après-midi se passa au grand air du large, qui vivifiait les poumons, animait les yeux et le teint.

Et le retour fut joyeux de la joie qui sortait de ces quatre bonheurs en perspective.