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UN SAUVETAGE

— Germaine, rappela son père, entre, la conférence te concerne. M. Alban, présenta-t-il, l’oncle de Maurice, qui arrive en surprise juste au moment où nous parlons affaires et, chose étrange, il arrive pour les arranger. Les affaires, ça nous concerne nous, mais la question a une autre face qui vous concerne, vous, les jeunes gens…

Germaine comprit et rougit ; elle regarda Maurice puis son père, qui continua :

M. Maurice me demande ta main, ma fille ; je ne lui ai pas encore répondu, je m’en rapporte à toi… Tu verras s’il faut ajourner la réponse ou si tu veux la faire toi-même.

Germaine rougit un peu plus ; les battements de son cœur soulevaient sa poitrine de mouvements oppressés, et elle tomba dans les bras de son père. L’émotion, le silence planèrent un instant, car c’est toujours une chose sérieuse et émouvante que le spectacle de deux jeunes gens qui s’aiment et s’unissent pour la vie.

Quand Germaine quitta les bras de son père, elle se tourna vers Maurice et lui tendit la main ; il la saisit avec empressement et la porta à ses lèvres.

— Allons, allons, embrassez-vous, mes enfants ! s’écria l’oncle en essuyant ses yeux humides. Il faut qu’ils s’embrassent, n’est-ce pas, Monsieur ? Ah ! cela me rappelle ma jeunesse ; à vous aussi, n’est-ce pas, Monsieur.

Maurice pressa Germaine dans ses bras et déposa sur son front le premier et le plus chaste baiser.

— Allons, viens m’embrasser aussi, mon garçon ! Je suis heureux du hasard qui m’amène au moment où se décide ton bonheur, et vous aussi, Mademoiselle…

Germaine, gagnée par la bonhomie de cet excellent homme, tomba dans ses bras et déposa deux baisers retentissants sur ses joues rasées.

— Vous restez à déjeuner avec nous, n’est-ce pas, Monsieur ? dit-elle.

— Je crois bien, mon enfant, avec plaisir ! À la bonne heure, voilà une nièce comme j’en voulais une. Je disais tout à l’heure quelle devait être charmante, j’étais loin de la vérité… Peste ! mon ami, mais c’est une beauté, ta fiancée…

— Voilà longtemps que je le sais, mon oncle.

— Eh bien ! puisque je reste, tu vas aller remiser ma voiture et me retenir une chambre à l’hôtel. À tout à l’heure.